Comment le logiciel libre peut répondre au défi de la souveraineté numérique européenne

2022-12-19

Le logiciel libre est un atout encore trop souvent ignoré pour répondre au défi de la souveraineté numérique européenne.

A la fois par les garanties qu'apportent les licences libres au plan juridique, mais aussi par les valeurs qui le sous-tendent - l'ouverture, la transparence, l'inclusivité, l'autonomie, etc. -, et parce qu'il est un catalyseur et un accélérateur d'innovation, le logiciel libre est un gage d'autonomie technologique et de dynamisme économique pour notre continent.

Ce sont ces thèses que je développe, notamment, dans un livre qui est en cours d'écriture et qui devrait paraître d'ici quelques semaines.

Concrêtement, si l'on regarde les habitudes de consommation de logiciels cloud en Europe, que ce soit des entreprises, des administrations ou des particuliers, on peut faire la liste des logiciels les plus couramment utilisés. Par exemple, dans le domaine du collaboratif, on va trouver des services comme Confluence, Trello, Slack ou Yammer. Pour la bureautique, on a Office 365 ou Google Suite. Etc.

Ce qui est moins connu, c'est que pour la plupart de ces logiciels - proprétaires, souvent américains - il existe des logiciels libres qui offrent des services équivalents. Parmi ces logiciels libres, de nombreux sont développés en Europe, en tout ou partie.

Par exemple, les outils SaaS propriétaires dans le domaine du collaboratif, comme Confluence, Trello, Slack ou Yammer, ont des équivalents en logiciel libre comme XWiki, Wekan, Matrix ou Abilian SBE (une solution de réseau social d'entreprise que développe ma société, Abilian). Dans le domaine de la bureautique, on a par exemple Cryptpad, DeckDeckGo ou d'autres. Ou, pour donner un dernier exemple, le logiciel Peertube qui est une alternative distribuée aux sites de partages de vidéos centralisés comme Youtube.

C'est en cela que ma thèse rejoint celle d'Euclidia: l'immense majorité des logiciels utiles à reconquérir notre souveraineté numérique existe en Europe, il convient juste de se donner la peine de le mettre en oeuvre.

S'il est nécessaire de répéter ce message, jusqu'à ce qu'il devienne audible, il ne faut pas en minimiser les difficultés opérationnelles non plus: le cloud des GAFAM et des éditeurs de SaaS américains attire, à la fois pour des effets de réseau et des activités anti-concurrentielles qu'il faut combattre, mais aussi par sa facilté de mise en oeuvre (qui a souvent pour pendant, rappelons-le quand même, la difficulté d'en sortir).

Afin de rendre les alternatives libres existantes plus simples d'accès et d'en démocratiser l'usage, ma société a lancé il y a déjà plusieurs mois un projet de logiciel libre, que nous avons baptisé Nua, qui permet de choisir, de déployer et de maintenir en condition opérationnelles les principaux logiciels libres concurrents des géants du SaaS, en gérant l'ensemble du cycle de vie de ces logiciels, comme indiqué sur le slide. Ce projet devrait aboutir dans quelques mois, et nous espérons qu'il apportera sa pierre à la construction de la souveraineté européenne.