Peut-on faire confiance à Linux?

1998-02-01

La question est déjà tendancieuse, et ce dossier de la revue Informatiques Magazine contient de nombreuses erreurs factuelles ou de terminologie, présente des omissions importantes et rapporte quelques clichés éculés. Heureusement, l'ensemble du dossier -- et surtout l'éditorial -- reste plutôt favorable, à Linux d'ailleurs comme à FreeBSD, et contient même des informations intéressantes.

Des correspondants qui sont en affaires avec les entreprises m'assurent que ce type de couverture par la presse est, malgré les erreurs et les critiques injustifiées, une bonne chose pour Linux et les logiciels libres.

Lucien Petit, de la société Alcove, m'écrit par exemple:

Je pense que le dossier d'Informatiques Magazine doit s'apprécier dans le contexte de la montée en charge de Linux au niveau des entreprises, sans doute, mais peut être encore plus au niveau des personnels informatiques eux-mêmes. Dans de très nombreux services informatiques il est toujours hors de question d'amener Linux au sein de l'entreprise. Ceci étant, les personnes qui "font" ce service informatique connaissent aujourd'hui Linux, s'interrogent, demandent à voir, etc. D'autres ont déjà vu, se sont installés une machine Linux chez eux, sortent de la fac ou de l'école, où ils ont été mis en contact avec Linux... D'autre enfin ont implémenté Linux au sein de l'entreprise, pour une activité très ciblée : serveur Intranet, serveur de fichier, serveur de sauvegardes... Or c'est justement là le lectorat d'une revue comme Informatiques Magazine.

On peut donc estimer que si ce type de dossier passe aujourd'hui, c'est "sous la pression". A la fois parce que Informatiques Magazine ne peut pas se couper de son lectorat, mais aussi parce qu'ils subissent des demandes très explicites de la part de leurs lecteurs. [...]

Quelle attitude adopter ? Si l'on resitue ce type d'articles dans le mouvement des idées autour de Linux en particulier, et de l'Informatique Libre en général, la première chose est de constater une réelle progression, dont on peut situer le point de départ il y a environ 1 an (mars 1997). Jusqu'à present, ce mouvement, dans cette presse informatique traditionnelle, ne s'est pas déroulé sans à-coups. Il y a eu des articles clairement "anti-Linux", et il y en aura encore. Disons que ça fait partie de la bataille, qu'à l'évidence il y a des intérêts antagoniques, et qu'il serait surprenant que les journalistes soient à l'écart de cette confrontation, de ce rapport de force.

Alors, sans doute, la meilleure attitude est d'apprécier ces parutions comme étant positives (j'allais écrire "globalement positives"), mais sans illusion. D'où la nécessité d'y répondre. [...]