Lu dans LMB actu: L'avenir de Microsoft suspendu à une courbe

1999-03-12

[Ceci est l'éditorial de la semaine de LMB Actu. Je le reproduis intégralement car il est plutôt intéressant. Ed.]

Fin 1995, Microsoft lançait Windows 95, accompagné du système de réseau propriétaire Microsoft Network. Rapidement des utilisateurs s'aperçoivent que la connexion à MSN transmet un document listant les paramètres de la configuration matérielle et logicielle. Microsoft explique qu'il s'agit d'une facilité pour proposer à l'utilisateur des mises à jour de ses logiciels. MSN est abandonné. On n'en parle plus et Windows 95 s'impose comme le système d'exploitation dominant.

Trois ans après ce pataquès, l'éditeur récidive avec Windows 98. Les réactions d'indignation fusent de partout et l'éditeur, imperturbable, développe sensiblement les mêmes arguments qu'en 1996.

Pourtant la situation a considérablement changé. Alors qu'en 1995, Microsoft bénéficiait d'une position tranquille, d'une bonne image et ne souffrait pas de réelle concurrence, aujourd'hui, la société traîne un interminable procès, voit son image de jour en jour ternie et fait face à l'émergence d'un concurrent : Linux. Or ce concurrent est plus sérieux que jamais : IBM, Compaq et Novell rejoignent cette semaine Oracle, Netscape et Intel dans le capital de RedHat, l'un des principaux distributeurs de Linux. Les voilà groupés, comme en un front anti-Microsoft. Cette semaine également, dans une interview au Los Angeles Times, Michael Dell, généralement considéré comme le plus fervent disciple du couple WinTel (Windows - Intel), annonce qu'il va proposer Linux en option sur ses PC. L'utilisateur pourra en faire la demande directement sur le site Web du constructeur. Voilà de quoi propulser Linux sur un marché de masse. Cependant, Microsoft conserve la confiance des investisseurs et son cours n'accuse qu'une légère baisse, après une longue période de hausse régulière. Peut-on croire que cette situation financière paisible est durable ? Cela devient de plus en plus difficile.

Si d'aventure le cours venait à baisser, une grande partie de la richesse de l'éditeur partirait en fumée... et, dans le même temps, celle de ses employés possesseurs d'actions. Après avoir perdu son image, Microsoft perdrait alors la motivation de ses troupes, entraînant une réaction en chaîne.

L'avenir de Microsoft tient dans la pente de la courbe de cotation. A surveiller de près dans les semaines qui viennent.